Shadow AI : définition simple et différence avec le shadow IT
Le shadow AI désigne l’utilisation non autorisée de l’IA par les collaborateurs, via des outils non approuvés ou non supervisés. Cela peut prendre la forme d’un simple copier-coller dans ChatGPT… ou de l’usage d’une plateforme cloud générative qui analyse des documents sensibles téléversés en quelques clics.
Le concept est proche du shadow IT, c’est-à-dire l’usage d’outils ou de services numériques en dehors du contrôle de la DSI. Si vous souhaitez approfondir la question, consultez notre article dédié au Shadow IT.
Mais les deux notions présentent des nuances importantes :
Comparatif Shadow IT vs Shadow AI
| Critère | Shadow IT | Shadow AI |
|---|---|---|
| Nature des outils | Applications / SaaS non approuvés | IA génératives (ChatGPT, Gemini, Copilot…) |
| Données manipulées | Fichiers, emails, CRM, stockage | Prompts, documents sensibles, données internes |
| Risques principaux | Sécurité / accès / conformité | Fuite implicite, mémorisation, hallucinations, exposition de données |
| Facilité d’usage | Moyenne | Extrêmement élevée |
| Supervision | Possible | Très difficile sans politique claire |
Dans les deux cas, l’entreprise perd la maîtrise d’une partie de ses usages numériques. Mais avec le shadow AI, la perte de contrôle peut être instantanée : un seul prompt contenant une information confidentielle peut suffire.
Pourquoi les collaborateurs utilisent l’IA sans validation ?
Parce que l’IA générative répond à une attente que les outils internes n’ont pas encore comblée. Elle est rapide, efficace, fluide. Elle produit en quelques secondes ce qu’un employé mettrait vingt minutes à rédiger.
Et surtout, elle traduit une réalité simple :
les collaborateurs veulent bien faire, mais ils n’ont pas toujours les bons outils.
On observe ce phénomène dans la plupart des PME : des utilisateurs qui, de bonne foi, “testent” l’IA pour gagner du temps, sans imaginer que leurs prompts contiennent parfois :
- des données sensibles,
- des informations confidentielles,
- des données clients,
- ou des contenus soumis à obligation de protection des données.
Personne ne leur a dit que c’était risqué — ou plus précisément, personne ne leur a encore expliqué pourquoi.
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Shadow AI : quels sont les risques liés pour une entreprise ?
Il existe deux catégories d’entreprises :
celles qui pensent que leurs collaborateurs n’utilisent pas d’IA… et celles qui ont déjà découvert la réalité.
Le shadow AI expose les entreprises à des risques très concrets, parfois invisibles au premier abord :
1. Fuite de données et exposition involontaire
Un collaborateur colle un devis dans ChatGPT pour réécrire un paragraphe.
Un RH fait analyser un CV contenant des informations personnelles.
Un comptable demande à Copilot de restructurer un tableau Excel.
Dans chacun de ces cas, les données quittent l’entreprise, parfois pour être traitées sur des plateformes cloud hébergées hors UE.
C’est l’un des scénarios les plus courants de fuite de données — et souvent le moins anticipé.
Pour comprendre l’importance de sécuriser l’environnement de travail, découvez notre article sur la sécurité des postes de travail.
2. Problèmes de conformité réglementaire
Le shadow AI peut mener à des infractions involontaires au RGPD ou au règlement général sur la protection des données, notamment lorsque des informations sensibles sont introduites dans des outils qui ne garantissent pas leur effacement.
Les entreprises pensent parfois “nous n’avons rien de confidentiel”, mais il suffit :
- d’un nom,
- d’une adresse email,
- d’une donnée client,
- ou d’une ligne budgétaire
pour franchir une limite juridique.
3. Décisions erronées ou biaisées
Contrairement à ce qu’on imagine, l’intelligence artificielle n’est pas infaillible.
Elle hallucine, elle invente, elle se trompe.
Une IA générative mal utilisée peut :
- fournir une mauvaise interprétation comptable,
- générer une réponse juridique fausse,
- proposer des informations non fiables pour un rapport stratégique.
Et si ces décisions s’appuient sur des données internes… l’erreur peut devenir coûteuse.
4. Absence de supervision, donc absence d’anticipation
Le shadow AI est par définition une pratique non visible.
Une entreprise ne peut pas réduire les risques si elle ne sait pas ce qui se passe réellement dans ses équipes.
C’est précisément ici que la notion de gestion des risques informatiques prend toute son importance :
Exemples concrets d’IA fantôme dans les équipes
Le shadow AI n’est pas un concept théorique : on le voit chaque semaine dans les PME que nous accompagnons.
Quelques situations qui reviennent très souvent :
- Le commercial qui demande à une IA de reformuler un devis pour le rendre plus convaincant.
- La RH qui utilise une IA non approuvée pour analyser un profil candidat complexe.
- Le responsable administratif qui téléverse un contrat fournisseur pour créer une synthèse.
- Le technicien IT qui utilise un modèle génératif pour gagner du temps sur des scripts.
Dans chacune de ces situations, l’intention est positive… mais le risque, réel.
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Comment réduire les risques liés au Shadow AI ? (2 listes max)
La bonne nouvelle : il est tout à fait possible d’utiliser l’IA en entreprise sans danger.
La clé, c’est de sortir du “non-dit” et de mettre en place des règles simples.
1) Les bonnes pratiques essentielles
- Définir clairement ce qu’un collaborateur peut — ou ne peut pas — envoyer à une IA générative.
- Mettre en place un ou plusieurs outils autorisés, approuvés et supervisés.
2) Les mesures de sécurité incontournables
- Intégrer l’IA dans la politique de sécurité, via un cadre écrit, partagé et assumé.
- Contrôler les accès aux plateformes approuvées (IAM, authentification, supervision).
Sur ce point, découvrez notre guide dédié à la gestion des accès (IAM).
IA et conformité : ce que les entreprises doivent encadrer
Sécuriser l’usage de l’IA ne consiste pas seulement à dire “oui” ou “non”.
Il s’agit plutôt de déterminer :
- quelles données peuvent être utilisées,
- dans quel cadre,
- par qui,
- via quelles plateformes,
- avec quels niveaux d’accès.
C’est exactement le rôle d’une PSSI — une politique de sécurité formelle, adaptée à vos métiers.
En savoir plus sur comment élaborer une politique de sécurité.
Sans cette boussole interne, le shadow AI reste inévitable. Avec elle, l’entreprise reprend la main.
Comment autoriser l’IA en toute sécurité ?
Le but n’est pas d’interdire l’intelligence artificielle. Ce serait contre-productif, et la plupart des entreprises l’ont compris.
La solution la plus saine consiste à :
- sélectionner des outils approuvés (ChatGPT Enterprise, Copilot, Gemini for Work, etc.),
- encadrer leur usage dans un document clair,
- sécuriser les accès,
- former les équipes,
- superviser les usages dans la durée.
Les entreprises qui suivent cette démarche transforment l’IA fantôme en IA maîtrisée — une IA qui apporte réellement de la valeur aux équipes IT, aux collaborateurs et à l’entreprise tout entière.
Le Shadow AI devient un risque majeur… mais parfaitement maîtrisable
Le shadow AI n’est pas une menace venue de nulle part.
C’est le signe que vos équipes veulent travailler mieux, plus vite, avec les bons outils. Leur usage spontanée de l’IA générative n’est pas un problème : c’est un appel à structurer, à sécuriser, à accompagner.
En créant un cadre clair, en définissant les outils autorisés et en supervisant les usages, vous transformez une pratique risquée en un moteur de performance.
Parce qu’en vérité, le danger ne vient pas de l’intelligence artificielle.
Le danger vient d’une IA utilisée sans cadre.
Et ça, vous pouvez le corriger dès aujourd’hui.







